Gaston Dufour, artisan de la photographie d’art, aux éditions du Signe
Voilà un bien joli livre qui parle de la mer et des pêcheurs, mais aussi de vie quotidienne qui se déroule toute simple en Normandie, le long des côtes du Cotentin, dans un paysage de rêve entre l’archipel des îles Chausey et celui des Minquiers.
C’est grâce à Anne Dufour, la fille cadette du papa photographe, que nous pouvons découvrir le travail de toute une vie. Une façon aussi de rendre à César ce qui lui appartient en mettant un nom sur des clichés largement utilisés…
On apprend que Gaston Dufour s’est installé à Coutainville où il a ouvert son magasin de photographie. Il est alors aux premières loges car Gaston a le réflexe du reporter : dès qu’un évènement extra-ordinaire se passe ou qu’une personnalité est annoncée, il dégaine son appareil photo ! Et défilent Alan Shepard, Anatolli Filiptchenko, l’ambassadeur de Chine ou encore Bourvil venu dans la région pour présenter le film la Cuisine au beurre ! Forcément, on reconnait Marie-Marin peintre de la marine qui vit dans les environs quand il n’est pas en voyage.
Finalement rien de ce qui se passe dans son village et alentours n’échappe à Gaston Dufour. C’est parfois folklorique tout en étant très éclectique et c’est forcément … argentique !
Bravo à sa fille cadette pour cette plongée dans les archives familiales !
C’est en 1975 que Georges Pernoud a créé Thalassa, le magazine de la mer, qu’il animera de 1980 à 2017. D’abord diffusé, tard, en toute fin de soirée, le programme surgit soudain en prime time.
La mer, on ne l’aimait plus uniquement l’été pour les bains de mer, la pêche aux coques ou les sorties en Vaurien, on l’aimait maintenant toute l’année et par tous les temps … ainsi qu’à des horaires de grande écoute. On découvrait que la mer et ses histoires iodées pouvaient faire de l’audience et, surtout, être aimée même des Terriens ! Viva Thalassa !
Jeune reporter, originaire de Bretagne, je rêvais de travailler pour Thalassa, ce magazine devenu culte. Tant que possible, je ne ratais aucun de ses rendez-vous au générique si enchanteur… Sur une musique de Guy Pedersen, un poisson devenait voilier, lequel devenait coquillage, puis rose des vents…
Il se trouve que j’ai appris mon métier avec l’un de ses amis :Claude Villers. Un jour, alors que je rentrais de Patagonie, où j’étais allée réaliser une série de reportages pour l’émission « Je vous écris du plus lointain de mes rêves » ( diffusée le dimanche sur France Inter), je me suis décidée à aller rencontrer Georges Pernoud. Je me revois monter à bord de la péniche, amarrée au quai Javel, non loin de Radio France, pour leur parler du petit village maritime de Tortel, situé dans les fjords du Chili.
Quelque temps plus tard, Georges envoyait une équipe télé à quelques encablures de la Terre de Feu pour y tourner un reportage. Mon idée avait été retenue et je continuais à faire de la radio.
Un grand merci à Georges Pernoud de nous avoir ainsi embarqués, sur tous les océans et toutes les mers du monde, au fil de plus de 1 704 émissions diffusées. Son talent est d’avoir réussià faire aimer la mer, c’est à dire à mieux la faire connaître, en donnant la parole aux gens de mer ( femmes et hommes du monde entier ) et à développer notre sensibilité écologique. Dès les années 1980, il va mettre en avant des sujets en relation de la protection des océans. Bravo !
Thalassa, for ever ! « Bon vent à vous, Capitaine Georges ! »
S’engager dans la lecture du Dictionnaire amoureuxdes îles, c’est partir pour une sorte de cabotage maritime et littéraire où l’on va des atolls polynésiens, au Groenland, des Anglo-Normandes aux Antilles … tout en se mettant dans le sillage de Philémon du A de l’Atlantique, de Robinson sur Juan Fernandez, de Hugo à Guernesey, de Tchékov à Sakhaline, de Perec à Ellis Island ou encore de Césaire à la Martinique…
Hervé Hamon, qui se définit comme un plaisancier, prend le temps de se souvenir et de nous raconter ses îles. En 35 ans de navigation, ce ne sont pas les anecdotes et les références qui manquent ! Alors, on croise explorateurs et aventuriers, pirates et poètes, doux rêveurs et exilés… Et dans ce grand archipel, composé de plus d’une centaine d’îles, on vérifie que « Plus que toute autre terre, les îles mobilisent l’imaginaire, le mettent en branle, à la question, le poussent à la corne, suscitent le rêve, la terreur, l’appétence, la fantasmagorie. »
C’est jubilatoire et érudit, c’est léger et profond ! Les îles ne sont pas que des lieux de rêve, elles sont aussi porteuses de drames et d’inquiétudes. Plus que jamais, elles nous parlent de notre fragilité et des enjeux qui nous attendent, surtout quand on touche à l’écologie et à la mondialisation. Et on pense bien sûr à celles ( et elles sont nombreuses ) menacées par le réchauffement climatique. Sont aussi convoquées les îles qui voient affluer les femmes et les hommes qui vont sur mer en quête d’une vie meilleure.
Après Besoin de mer et L’Abeille d’Ouessant, le Dictionnaire amoureux des îles, publié chez Plon est un vrai régal ! Bravo !
De mon côté, en cette fin d’année, j’ai une pensée toute particulière pour les Ouessantines et les Ouessantins, qui tiennent bon au bout du bout de la Bretagne balayée par les grands vents d’Ouest. Amis de la mer d’Iroise, je vous salue bien amicalement et vous dis à tout bientôt.
Un grand merci à Françoise Objois pour son invitation et l’animation de cette rencontre en ligne ! Webinaire où je suis conviée en compagnie des écrivains-voyageurs : Marianne Rötig et Olivier Germain-Thomas.
L’aventure si proche, si loin organisée par la ville de Meudon et l’Orangerie des Livres.
A cette occasion, je vous parlerai de mon récit Tu m’avais dit Ouessant édité par le Mot et le reste qui a remporté le prix Marine Bravo Zulu.
C’est demain, de 17 à 18 heures 30 ! A suivre sur le lien.
Le bruit de la mer de Franck Maubert ( Flammarion ) est un joli récit de voyage ( qui se lit vite …) et qui nous rappelle qu’il fut un temps, pas si lointain, où l’on pouvait partir, pour un oui ou pour un non, voir la mer : sur un coup de tête, sans attestation de sortie, sans masque … !
Pour l’auteur, critique d’art et essayiste, c’est le temps de l’arrière-saison :
Les rideaux des vendeurs de glace et de cerfs-volants sont tirés,
Les chaises longues et les parasols sont pliés
Les maillots et les draps de bain sont rangés
Et on va, nez au vent maritime, marcher dans le sable. On sillonne et on revoit les paysages connus.
Ceux du Nord de la France en passant par le Cotentin, secret, celui de J. Prévert, la Bretagne, bien sûr, et sa côte d’Emeraude, le Pays-basque et la maison d’Edmond Rostand, les îles de l’Atlantique ou encore le bassin d’Arcachon.
Des promenades comme une lettre adressée à son ami Pierre, resté à Paris.
J’ai plongé avec envie et curiosité dans ce voyage très personnel, et un brin nostalgique, qui se lit comme on écoute une chanson de Souchon… On se voit marcher sur la plage de Malo-Bray Dunes et on cherche les éléphants gris-vert…
Et on se dit que, Ce passage-là était vraiment bien, Ce passage-là était bien…
A quelques heures de savoir qui de D.Trump ou de J.Biden sera élu à la présidence des Etats-Unis, il y a l’histoire d’une île qui se situe à New York, en face de Manhattan : l’île de Staten Island. Elle a hébergé de 1948 à 2001 l’une des plus grandes décharges au monde à ciel ouvert ( y accueillant les gravats du World Trade Center ).
Freshkills, recycler la Terre est un essai sur nos ordures, inspiré par le roman fleuve de Don DeLillo Outremonde. L’auteure, Lucie Taïeb, raconte cette énorme décharge aux portes de NYC qui vit une mutation puisque elle est en train de devenir un grand parc verdoyant où l’on pourra bientôt, entre deux confinements, faire son golf ou son jogging.
Ce livre est passionnant car extrêmement bien documenté, écrit par une femme traductrice, maîtresse de conférence en études germaniques à l’université de Bretagne Occidentale. Lucie Taïeb a traversé l’océan pour savoir ce que l’on ressent quand on a, sous les pieds, plusieurs décennies de déchets … Le sujet n’est pas des plus glamours, mais est très éclairant sur la période de bascule que nous vivons. Sa question principale étant : « Dans quel monde vivons-nous lorsque les déchets sont absents de notre champ de vision, et pourtant … omniprésents ? »
L’auteure a enquêté sur place et a forgé sa réflexion en se documentant à travers des travaux d’anthropologues, d’urbanistes, de géographes pour nous livrer ce carnet de voyage très personnel, édité aux ( éditions ) de la Contre Allée d’après A.Bashung et J. Fauque… « Délaissant les grands axes, j’ai pris la contre-allée… »
La recherche de Lucie Taïeb porte encore ici sur la mémoire et la réalité : elle a auparavant travaillé aux archives berlinoises et les demandes d’indemnisation des descendants et proches des juifs victimes de spoliation durant la seconde guerre mondiale. On pense aux stèles du mémorial de la Shoah bâti sur la Postdamer Platz.
Quand il est plus facile de cacher tout ce qu’on ne veut pas voir, altérant ainsi notre perception du monde, Lucie Taïeb réussit -grâce à une écriture acérée- à rendre visible une réalité qui ne l’est plus.
A lire et à réfléchir en ces temps troublés où les masques jetables pullulent sur les trottoirs et où les éboueurs sont considérés comme essentiels aux côtés du personnel soignant, des enseignants, des caissiers …
Dans le cadre du festival CELTOMANIA, des cultures celtiques et bretonnes- qui revient pour la 31ème édition, du 1er octobre au 22 novembre- je suis invitée à parler de mon expérience sur l’île d’Ouessant.
Je vous donne rendez-vous mardi 13 octobre, à 20 heures, au Centre Culturel Breton, à Saint-Herblain. La rencontre littéraire sera animée par Benoît Albert, de la Géothèque, à Nantes.
Celtomania, ce sont deux mois ponctués, à Saint-Herblain, de concerts, d’expositions et de conférences, dans le respect des règles sanitaire
Gwenaëlle Abolivier est une journaliste et écrivaine française ainsi qu’une voix de France Inter.
Formée à l’école de Claude Villers, elle parcourt le monde en tant que reporter pour les ondes de France Inter, France Culture et RFI. Aujourd’hui, elle a rejoint la Radio Télévision Suisse francophone ( RTS ) et privilégie l’écriture littéraire. Elle participe également aux revues ArMen et Eulalie.
Son écriture puise ses racines dans le voyage au long-cours et les horizons du monde entier. Elle est l’auteure de récits de voyages et d’anthologies de correspondances, de textes poétiques et de livres illustrés pour la jeunesse dont une biographie d’Alexandra David-Neel. Elle anime des ateliers d’écriture littéraire et radiophonique.
En 2015, elle séjourne trois mois d’hiver dans le sémaphore d’Ouessant où elle écrit Tu m’avais dit Ouessant qui parait en octobre 2019 aux éditions « Le mot et le reste».
Ce récit maritime obtient le Prix Bravo Zulu, 2020.
Gwenaëlle Abolivier est l’auteure de :
*Lettres océanes (Glénat, 2010)
*Alexandra David-Néel, une exploratrice sur le toit du monde ( À dos d’âne, 2012)
*De Saint-Malo ( Les petites Allées, 2013 )
*Ouessant et quelques éclats de phare ( Les petites Allées, 2018)
*Ecrire d’amour à 20 ans ( A dos d’âne, 2014 )
*Le timbre de l’amitié, lettres de jeunesse ( A dos d’âne, 2015)
*Tendre est l’écrit » ( A dos d’âne, 2016 )
*Vertige du Transsibérien ( Naïve, avril 2015 )
*Te souviens-tu de Wei ? illustré par Zaü ( Hongfei, 2016 )
*Qui a vu Monsieur Corbu ? ( Editions Bernard Chauveau, 2016)
*Tu m’avais dit Ouessant ( Le Mot et le Reste, 2019 )